L'Union européenne (UE) est depuis longtemps un leader mondial en matière de développement durable des entreprises et de financement de la lutte contre le changement climatique. Cependant, les récents développements aux États-Unis, notamment la résistance politique croissante aux initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), posent un défi aux ambitions réglementaires de l'UE.
Malgré ces obstacles, l'UE doit maintenir son leadership en matière de finance durable en procédant à des ajustements pragmatiques de son cadre tout en garantissant des progrès continus vers les objectifs de zéro net.
La réaction des États-Unis contre le développement durable des entreprises
Le président américain Donald Trump initié un retour en arrière sur les engagements climatiques en se retirant de l'Accord de Paris. Ce mouvement a été suivi par une poussée plus large du Parti républicain contre le "capitalisme réveillé", un terme utilisé pour critiquer l'intégration des principes ESG dans les systèmes financiers et d'entreprise.
En 2023, les banques américaines subissaient une pression croissante pour se retirer des engagements liés au climat. Le procureur général du Texas lancé une enquête sur les politiques de financement du climat adoptées par les membres américains de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), alléguant un boycott potentiel du secteur pétrolier et gazier. Bien que cet examen ait été a chuté au début de l'année 2025, elle a abouti à la retrait des grandes banques de Wall Street de la NZBA. Simultanément, la Chambre des représentants des États-Unis examiné l'initiative "Net Zero Asset Managers" (NZAMI), qui finit par suspendu début 2025.
L'impact sur les efforts européens en matière de développement durable
Bien que le mouvement anti-ESG américain n'ait pas encore eu d'impact significatif sur l'Europe, il commence à susciter des inquiétudes. Certaines grandes banques européennes reconsidération leurs engagements dans le cadre du NZBA, craignant des réglementations plus strictes. Pendant ce temps, les décideurs politiques de l'UE subissent une pression croissante pour assouplir les exigences en matière de développement durable, les politiciens de centre-droit plaidant pour des retards et des limitations de la directive sur les rapports de développement durable des entreprises (CSRD) et de la directive sur la diligence raisonnable en matière de développement durable des entreprises (CSDDD). Le gouvernement français a préconisé pour le report permanent de la directive sur le devoir de diligence en matière de développement durable des entreprises (CDDD, directive (UE) 2024/1760).
En outre, les groupes d'entreprises se sont inquiétés de la portée extraterritoriale des règles de durabilité de l'UE. La conformité au CSRD exigerait des entreprises européennes de taille moyenne qu'elles allouent jusqu'à 12,5% de leur budget d'investissement au respect de la réglementation (Rapport Draghi, page 321), ce qui fait craindre une résistance de la part des entreprises.
Relever les défis de la finance durable
L'UE a beaucoup investi dans les réglementations relatives à la durabilité, mais le système ne produit pas encore les effets escomptés. Le règlement de l'UE sur la taxonomie, conçu pour classer les activités économiques durables, a lutté de s'imposer dans les secteurs des obligations d'entreprises et de l'investissement en raison de son applicabilité limitée au financement de la transition.
La Commission européenne s'est engagée à affiner les principales réglementations, notamment la CSRD, la CSDD et la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR). Alors que certains craignent que ces révisions ne sapent les efforts en matière de développement durable, des ajustements ciblés pourraient améliorer l'efficacité opérationnelle tout en préservant les principes ESG fondamentaux.
Renforcer le cadre de financement durable de l'UE
Pour conserver sa position de leader et garantir l'efficacité de ses politiques de développement durable, l'UE doit prendre les mesures suivantes :
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Introduire un cadre de financement de la transition :
- Mettre en place un système de feux tricolores classant les activités en vert (durable), rouge (nuisible) et orange (transitoire).
- Faire passer les évaluations de la durabilité d'une focalisation sur les activités à une évaluation des stratégies globales de transition des entreprises.
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Améliorer les normes relatives aux instruments financiers :
- Développer des obligations et des prêts normalisés liés au développement durable qui intègrent des objectifs de transition spécifiques.
- Renforcer les définitions de la SFDR afin d'inclure une politique d'exclusion obligatoire pour les activités nuisibles au climat.
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Aligner les notations ESG sur les normes européennes en matière de développement durable :
- Veiller à ce que les notations ESG vendues dans l'UE soient conformes aux exigences de divulgation fixées par la CSRD et la CSDD.
Assurer le leadership de l'UE en matière de politique climatique
La notion selon laquelle "les États-Unis innovent, la Chine reproduit et l'Europe réglemente" souligne la tendance de l'UE à prendre des mesures réglementaires. Toutefois, face au recul des États-Unis par rapport à leurs engagements en matière de développement durable, l'UE doit trouver un équilibre entre la rigueur réglementaire et l'aspect pratique de l'économie. En affinant son cadre pour mieux soutenir le financement de la transition et l'adaptation des entreprises, l'UE peut renforcer sa position de leader dans le domaine de la finance durable.
Alors que les divergences transatlantiques en matière de politique climatique s'accentuent sous l'administration Trump, l'UE doit veiller à ce que son approche réglementaire favorise, plutôt que d'entraver, des progrès significatifs vers des objectifs nets zéro. S'ils sont gérés efficacement, ces ajustements renforceront le rôle de l'Europe en tant que leader mondial de la durabilité des entreprises, même face à une opposition extérieure.